En faire Plus contre la Pollution des eaux de baignade

Réponse de Guillaume Barucq (Biarritz Vague d’Avenir) à la lettre de Surfrider Côte Basque adressée aux candidats aux Municipales:

Ma candidature aux élections municipales à Biarritz s’inscrit dans le prolongement de mon engagement pour la qualité des eaux de baignade.

Surfeur régulier, je constate au quotidien la qualité des eaux de baignade et la pollution récurrente de nos plages. Blogueur sur Surf Prevention, j’essaye depuis 2008 de sensibiliser par des articles le grand public et les élus à cette vaste problématique, avec souvent l’impression de prêcher dans le désert. Comme rien ne change, j’ai décidé de m’engager en « politique » pour tenter d’influer sur le cours des choses.

Nous ne résoudrons pas le problème de la pollution des eaux de baignade d’un coup de baguette magique mais avec une volonté politique forte impulsée par une nouvelle génération d’éco-citoyens conscients des enjeux environnementaux.

La qualité de l’eau de mer est un enjeu majeur pour Biarritz et pour la Côte Basque. Mais il y a encore des politiques dans le déni de la pollution marine qui ne serait pour eux qu’un épiphénomène. Soit ils ne vont jamais dans l’eau, soit ils ne comprennent pas la pollution – ou plus exactement les pollutions – du milieu marin…

Toute aussi dangereuse que la méconnaissance de la pollution: sa minimisation par certains élus. Selon eux, l’eau serait « moins polluée » aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Ils ont quand même décidé de surfer sur ce dossier des eaux de baignade pendant la campagne des municipales, et ils se représentent à nous avec des solutions soi-disant « économiques ».

Je tiens à mettre en garde contre ces effets d’annonce: ces solutions low-cost ne sont que palliatives: il s’agit en fait de travaux de rattrapage sur ce qui aurait dû être fait depuis longtemps déjà. Et comme dans le même temps, ces mêmes candidats-élus veulent urbaniser davantage, construire des centaines de logements, imperméabiliser plus de sols, et donc amener un surplus d’eaux au réseau, Biarritz et son agglomération garderont toujours un temps de retard pour un assainissement optimal.

Je propose au contraire de prendre un temps d’avance et d’innover dans la recherche d’eaux de baignade de qualité. Biarritz, « cité océane« , doit être à la pointe dans ce domaine et servir d’exemple aux autres stations balnéaires en allant plus loin que la simple mise en conformité avec des normes inadaptées pour garantir une qualité supérieure aux eaux de baignade.

La pollution que nous rencontrons sur nos côtes n’est pas un problème simple qui se résoudra à l’échelon local avec des rafistolages à quelques millions d’euros. Il faudra au contraire investir de nouveau des sommes à 9 chiffres dans l’assainissement à l’échelle des agglomérations dans le cadre d’un plan pluri-annuel comme je l’explique ICI.

Il serait malhonnête de dire que rien n’a été fait pour renforcer les moyens d’assainissement: de grands travaux ont déjà été entrepris et d’autres sont déjà prévus par l’agglomération. A Biarritz, des améliorations sont programmées au niveau de la station de relevage du Port des Pêcheurs et de la station d’épuration. Mais ils ne seront pas suffisants: il faudra prévoir de nouveaux bassins de rétention, augmenter les capacités de traitement de la station d’épuration et améliorer sa capacité à filtrer des micropolluants chimiques (résidus de médicaments, cosmétiques, détergents ou pesticides qui passent encore au travers des mailles des STEP) grâce à des traitements tertiaires avancés.

Il faut prendre en compte la pollution des eaux de baignade dans toutes ses composantes:
– Continuer à œuvrer pour ramasser les macro-déchets
sur les plages (un ramassage plus sélectif serait à favoriser), en bord de mer, au-delà de la bande des 300 mètres, et même au large et en profondeur avec des solutions à imaginer pour le futur.
– Lutter contre la pollution invisible, la plus insidieuse. Cette pollution n’est pas que bactériologique (la seule recherchée par les analyses), elle peut être aussi virologique, chimique ou encore radioactive. On connaît très mal cette pollution microscopique à laquelle viennent se rajouter continuellement des polluants émergents liés aux nouveaux produits mis sur le marché par les industriels.

On ne pourra pas changer le réseau d’assainissement – majoritairement unitaire à Biarritz – du jour au lendemain. Il n’est d’ailleurs pas souhaitable de le faire trop vite car ce réseau unitaire a au moins l’avantage de traiter les eaux des pluies modérées, en plus des eaux usées. Le passage au réseau séparatif devra se faire progressivement, ce qui laissera le temps de mieux gérer les eaux de pluie en les récupérant, et les eaux de ruissellement en les dépolluant avant qu’elles ne finissent leur course dans la mer. Tout cela devra se faire en cohérence avec les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) et le schéma directeur de gestion des eaux pluviales.

Nous pouvons faire beaucoup pour améliorer la qualité de l’eau à l’échelle de Biarritz. Je reste persuadé qu’une grande partie de la pollution de nos plages vient de chez nous. Mais il est tellement plus facile d’accuser l’Adour ou l’Espagne de tous les maux… Si nous sommes élus, nous commencerons donc par balayer devant nos plages en adoptant des mesures simples et rapides à mettre en oeuvre.

18 mesures concrètes que je propose de mettre en place à Biarritz dès la première année:

– 1. Analyses des eaux de baignade à l’année (et non plus uniquement en saison touristique) ;
– 2. Ajout dans les analyses bactériologiques du staphylocoque doré pathogène et très présent sur les plages en été ;
– 3. Analyses périodiques d’indicateurs de la pollution chimique (hydrocarbures, pesticides, détergents, métaux lourds…) ;
– 4. Mise en service d’une application de signalement de déversements d’eaux usées (type Sewage Alert Service) ;
– 5. Information en temps réel sur la qualité de l’eau grâce à des analyses rapides, un service internet et une application smartphone dédiée ;
– 6. Etablissement d’un nouveau label de certification exigeant et spécifique à la qualité des eaux de baignade (contrairement au Pavillon Bleu) dont Biarritz serait ville-pilote ;
– 7. Développement de la recherche dans le domaine de l’écotoxicologie et de l’impact sanitaire des polluants au sein de l’Université de la Mer que nous souhaitons développer au niveau de l’ancien E.Leclerc ;
– 8. Mise en place d’une veille sanitaire en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé pour dépister les pics de maladies infectieuses et autres pathologies ou allergies liées à la fréquentation des eaux de baignade et d’activités nautiques ;
– 9. Mise en place de mesures d’hygiène sur les plages (en privilégiant par exemple les douches en dehors du sable) ;
– 10. Sensibilisation des plagistes au respect de l’environnement par les Agents de Prévention des Plages que nous mettrons en place ;
– 11. Verbalisation des personnes laissant des déchets, bouteilles ou mégots dans le sable selon le principe du pollueur = payeur ;
– 12. Sensibilisation à l’utilisation de crèmes solaires non toxiques pour l’environnement marin ;
– 13. Mise en place de la première plage sans tabac sur la plage familiale du Port Vieux et installation de cendriers sur les autres plages ;
– 14. Instauration du zéro pesticide et règles de bonnes pratiques pour les espaces verts publics ou privés en bord de mer ;
– 15. Nettoyage des surfaces en front de mer sans produits de nettoyage chimiques ;
– 16. Dépollution des eaux de ruissellement par des moyens naturels et des solutions innovantes type avaloir dépolluant ;
– 17. Limitation et encadrement plus strict des feux d’artifices tirés sur la mer du fait de la pollution engendrée ;
– 18. Education du grand public et des scolaires à la Cité du Surf où une antenne sera proposée à Surfrider. Pour éviter de retrouver des cotons-tiges et des tampons sur les plages, il faudra commencer par expliquer aux citoyens de ne pas jeter n’importe quoi dans la cuvette des WC…

Pour conclure, j’aimerais féliciter Surfrider Foundation Europe et ses antennes locales pour leur énorme travail de sensibilisation et leurs actions de terrain, sur les plages ou dans les prétoires. C’est une chance pour Biarritz d’avoir SFE, mais cela devrait donner à la ville plus de responsabilités dans le domaine environnemental. Si Biarritz a tout intérêt à renforcer son partenariat avec Surfrider, j’espère qu’en retour l’association ne lui fera aucun cadeau en ne laissant plus rien passer à notre ville qui se devrait d’être exemplaire, tant au niveau de la qualité de l’eau que de la préservation de ses plages et de ses falaises.

DCIM102GOPRO

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1 commentaires

  1. Guillaume merci pour cet article. Si je peux t aider à quoi que ce soit dans ces projets que je souhaite autant que toi, dis-le moi ! J aurais ecrit exactement la même chose !
    Bises
    Sandrine

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