Monsieur le Maire, mes chers collègues,
Drôle d’ambiance ce soir à la veille d’une naissance heureuse que d’entendre tous ces discours d’enterrement ou d’apocalypse. Je suis surpris du décalage entre les discours dans les autres conseils municipaux et les discours entendus ce soir qui sont très pessimistes et à mon sens excessifs.
En vous écoutant tous, j’ai l’impression que certains n’ont pas bougé d’un iota dans leur position depuis le premier vote ; d’autres ont même rétropédalé pour des raisons qui m’échappent. On a l’impression que depuis le mois de novembre, chacun a campé sur ses positions et qu’un dialogue de sourds s’est instauré.
Nous regrettons le conflit que cela a pu générer à la tête de l’ACBA. A titre personnel, j’ai été très surpris par la campagne publicitaire pour le NON diffusée dans un grand quotidien régional et financée par l’agglomération.
En ce qui concerne notre groupe Biarritz Vague d’Avenir, nous restons fidèles à nos engagements [en faveur de la langue, la culture et le Pays Basque] et à notre discours du premier vote. Notre démarche depuis le départ a toujours été de nous projeter dans l’avenir et non de nous arc-bouter sur des institutions existantes.
J’espérais encore au moment du premier vote que les 2 camps pourraient se rassembler autour d’une proposition commune de constitution préalable des 3 provinces d’Iparralde (Labourd, Basse-Navarre et Soule). Mais il n’en a rien été. Au lieu de cela, on nous a proposé de coiffer l’existant d’une couche supplémentaire tout en gardant exactement le même nombre d’élus et de syndicats et quasiment le même nombre d’EPCI (8 au lieu de 10) : où sont la simplification du mille-feuille territorial et les économies recherchées ?
Au cours du premier vote, nous nous étions posé des questions, mais depuis nous n’avons obtenu que des réponses rassurantes notamment en provenance des ateliers d’Hasparren, en ce qui concerne la fiscalité, la gouvernance et les compétences de l’EPCI.
Je parlais en novembre dernier d’une grande vague venue de l’intérieur du Pays Basque. Cette vague a pris de l’ampleur et il semblerait que plus rien ne puisse l’arrêter tant les premiers votes des conseils municipaux sont sans équivoque. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé pas loin de chez nous sur la côte à Hendaye, Saint-Jean-de-Luz, ou encore hier Guéthary (qui a basculé du non au oui entre les 2 tours).
Aujourd’hui des citoyens, des chefs d’entreprise, des acteurs culturels aspirent à travailler ensemble à l’échelle du Pays Basque.
Biarritz doit l’entendre et voir plus loin que le bout de son rocher. Il faut arrêter de croire qu’on pourra indéfiniment fonctionner en vase clos avec une ouverture de façade sur le reste du Pays Basque. Même le tourisme balnéaire (dont nous vivons en grande partie) se pense aujourd’hui à l’échelle du territoire.
Je vais reposer une question que d’autres ont posé avant moi ce soir, mais c’est important car là est le cœur du débat aujourd’hui dans ce conseil municipal. Que signifie pour nous l’appellation « Biarritz – Pays Basque » ? (qui désigne aujourd’hui notre territoire, notre aéroport et notre équipe de rugby) Est-ce juste une marque, un élément de communication ou voulons-nous vraiment donner du sens à cette appellation dont nous bénéficions, mais qui implique aussi pour nous des contreparties et des responsabilités envers le reste du Pays Basque.
Je vous le dis sans détours mes chers collègues : votre isolationnisme sur ce projet m’inquiète, me préoccupe. Je redoute que par votre opposition obstinée, Biarritz se mette en marge de cette communauté naissante, au lieu d’être aux avant-postes, de manière à assurer la continuité des projets engagés au niveau de l’ACBA dont le projet a été écrit par notre maire. Faire preuve de mauvaise volonté quand il faudrait montrer du volontarisme risque de nous porter préjudice.
Soyons clairvoyants : l’EPCI Pays Basque verra le jour, avec ou sans notre vote de ce soir. A l’heure où je vous parle, 18 communes ont déjà voté favorablement (3 contre seulement) : cela représente déjà 109.243 habitants soit près de 40% de la population du Pays Basque. Dès lors, quel est l’intérêt de s’enferrer dans ce combat d’arrière-garde ? A un moment ou à un autre, il faudra bien changer de discours si vous voulez œuvrer dans cette nouvelle communauté où certains des opposants de ce soir seront amenés à prendre des responsabilités. Vous-même monsieur le Maire en serez peut-être vice-président. A un moment donné, il faudra bien qu’on bascule dans la réalité.
Je considère que les 2 échelles structurantes de notre territoire de demain seront les communes pour les politiques de proximité (des fusions de très petites communes ne sont pas à exclure), et le Pays Basque pour les compétences transversales.
Nous devons grandir pour espérer exister dans cette grande Aquitaine (dont le périmètre démesuré – disons-le au passage – n’a pas choqué les opposants à l’EPCI).
Le territoire proposé pour cet EPCI est on ne peut plus cohérent : parce qu’il est notre identité (n’ayons pas peur de le dire), et surtout parce qu’il représente une cohérence territoriale et environnementale entre océan et montagne.
Ce territoire serait idéal pour développer des politiques environnementales à grande échelle : gestion de l’eau, gestion des déchets (Bil Ta Garbi est un syndicat qui prouve qu’on peut déjà gérer les déchets à l’échelle de notre territoire et dont le taux de valorisation des déchets atteindra 85% en 2017, en route vers le « zéro déchet »), promotion d’une agriculture raisonnée permettant de développer les approvisionnements en circuits courts de produits locaux et bio.
Certains redoutent que des moyens financiers échappent à la Côte. Il faut reconnaître que pendant longtemps, l’agglo a pu servir de guichet. Mais demain nous allons changer de logiciel en pensant les investissements sur l’ensemble du territoire. Il n’y a pas de dualité entre la côte et l’intérieur mais une complémentarité. Il serait faux de croire que les investissements à l’intérieur ne bénéficieront pas à la côte. 1 euro investi dans l’intérieur entraînera des retombées économiques sur la côte. Par exemple, tout investissement sur la qualité de nos rivières et fleuves intérieurs profitera aux eaux de baignade sur la côte (exemple de l’Uhabia et des affluents de l’Adour).
Arrêtons de faire des comptes d’apothicaire dans nos petites officines intercommunales et réfléchissons ensemble à la meilleure répartition des richesses au profit de l’ensemble du Pays Basque.
On pourra certes regretter qu’un grand référendum citoyen n’ait pas été organisé pour décider de l’avenir du territoire. Mais c’est aujourd’hui à nous conseillers municipaux de prendre la bonne décision pour les citoyens que nous représentons.
Nous qui portons la voix des actifs de Biarritz, nous savons à quel point les jeunes ont envie de rester au Pays, d’y trouver un travail et un logement. Nous connaissons aussi les limites de notre ville pour accueillir tout le monde. C’est pourquoi il faut réfléchir dès aujourd’hui à des solutions nouvelles à l’échelle du Pays Basque pour proposer un toit et un emploi à tous ceux qui le souhaiteraient.
Alors oui, il faudra le temps nécessaire pour que cette communauté se mette en place. Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais nous avons perdu suffisamment de temps comme cela. Nous n’allons pas passer des années à philosopher ou à tergiverser sur ce que pourrait être le Pays Basque. Pour des sujets aussi importants que le transport, il faut maintenant agir urgemment pour rattraper le retard pris pour une mobilité cohérente et efficiente sur le territoire.
Ce projet de communauté d’agglomération du Pays Basque nous enthousiasme : il est toujours plus stimulant de réfléchir à la construction d’une communauté que de mettre toute son énergie pour aller contre le sens de l’histoire. Notre seul regret sera de ne pas pouvoir participer au début de cette aventure car nous ne sommes pas éligibles (les 4 membres de BVA) à cet EPCI Pays Basque.
C’est à nous ce soir mes chers collègues de saisir cette occasion unique pour réaffirmer notre engagement pour un développement durable et solidaire de ce Pays Basque que nous aimons tous.
Ne noyons pas le poisson sous un débat technique : on nous demande aujourd’hui de faire un choix politique pour demain : voulons-nous – oui ou non – d’un Pays Basque, sous la forme initiale d’un EPCI ?
Notre réponse est claire c’est : Bai ! Euskal Herri elkargoaren alde gira.
OUI nous sommes favorables au périmètre proposé pour une communauté d’agglomération au Pays Basque nord.
En espérant mes chers collègues que vous passerez outre les barrières psychologiques, et les craintes bien naturelles qui peuvent survenir lors des grands changements, pour encourager cette belle aventure qui démarre pour le Pays Basque.
Guillaume Barucq
(illustration : istockphoto / Tree4Two)
Il n’y a pas de Pays basque Nord, je suis membre du Pays basque français, for ever.
Çà c’est du commentaire de Biarrot qui conforte l’appréciation qu’ont les Basques des habitants de cette ville.