Intervention de Guillaume Barucq au conseil municipal de Biarritz le 12-02-20

A l’occasion du dernier conseil municipal de la mandature à Biarritz le 12 février 2020, Guillaume Barucq, adjoint au maire à l’environnement et tête de liste du mouvement citoyen Biarritz Nouvelle Vague quitte ses fonctions. Il annonce qu’il garde son rôle de conseiller municipal et votera sur toutes les délibérations liées au sort du BOPB et du stade Aguilera. Retour sur son intervention et sa vision sur l’avenir du club de rugby biarrot. 

« Monsieur le Maire, mes chers collègues,

En préambule à cette intervention, j’aimerais vous annoncer que j’ai décidé de quitter mes fonctions d’adjoint, tout en restant conseiller municipal et en votant bien évidemment sur toutes ces délibérations.

Je vous remercie pour la confiance que vous m’avez accordée, et je resterai fier du travail que nous avons accompli tous ensemble pour Biarritz, pendant ces 6 années.

J’ai été honoré de travailler avec chacune et chacun d’entre vous autour de cette table, et je sais que même si nous avons parfois eu des différends (souvent même…), nous avons toujours essayé de faire ce qui nous semblait être le meilleur pour Biarritz.

Merci à tous les agents et aux chefs de service qui œuvrent au quotidien pour faire tourner la ville de Biarritz, indépendamment de nos fluctuations politiques.

J’aimerais juste citer mes plus proches collaborateurs : Agnès Chabault, Peggy Bergeron, Patrick Allegrotti, mon efficace secrétaire Guillemette Du Cheyron… Christophe Landrin et Gérard Gostisbehere bien sûr, et tous les autres que je remercierai individuellement.

Je remets mes fonctions d’adjoint et je redeviens donc conseiller municipal sans délégation pour pouvoir agir et voter jusqu’à la dernière seconde de ce mandat.

Je suis resté adjoint jusqu’à ce dernier conseil municipal par loyauté envers les Biarrots qui avaient choisi notre liste de Rassemblement pour Biarritz avec l’apport d’Esprit Biarritz de Guy Lafite et de Biarritz Vague d’Avenir que je conduisais en 2014.

Les choses ont bien changé depuis : le renouvellement auquel vous vous étiez engagé ne s’est jamais produit. Pire, nos forces vives ont quitté une à une la majorité et nos conseils municipaux ont régulièrement généré des tensions, dont nous connaissons un nouveau point d’orgue ce soir à l’occasion de ce dernier conseil municipal.

Aujourd’hui Monsieur le Maire, vous avez décidé de vous représenter. C’est votre choix, et je le respecte.

Mais nous sommes maintenant candidats l’un face à l’autre à la mairie de Biarritz, et pour la clarté de nos futurs débats, il est plus cohérent pour moi de retrouver ma totale indépendance et ma liberté de parole.

Ce n’est pas le lieu ici pour parler de nos divergences mais nous sommes arrivés à un stade où nous n’avons plus la même façon de voir les priorités de la ville, la santé de nos finances et la gouvernance de cette municipalité.

Le dossier qui nous intéresse ici en est la parfaite illustration.

Nous nous serons opposés pour la première et la dernière fois de ce mandat autour du BOPB.

Pour rappel, je m’étais déjà opposé en juin 2015 à votre demande de subvention anticipée de 1,5 million d’euros qui devait faciliter à l’époque la fusion avec l’Aviron Bayonnais que vous appeliez de vos vœux, monsieur le maire.

Vous vous présentez aujourd’hui en sauveur providentiel du BOPB à l’occasion de ce vrai-faux sauvetage, orchestré en pleine campagne électorale via un chantage à la dissolution du club. La ficelle est un peu grosse.

Mais vous n’avez pas le monopole du cœur du Biarritz Olympique.

J’aime ce club au moins autant que vous, mais la différence est que j’aimerais que nous prenions le temps de trouver une solution pérenne pour l’avenir du club, au lieu de poser en urgence une énième et coûteuse rustine au détriment cette fois des terrains et des finances de la ville.

Dans une ville déjà endettée, avec des investissements prioritaires à réaliser sur les écoles, la voirie et l’assainissement, il n’est plus possible de poursuivre cette fuite en avant en se berçant des illusions d’une grandeur passée.

Je l’annonce depuis 6 ans et je le mettrai en œuvre si nous sommes élus : le BOPB devra apprendre à vivre sans la perfusion des subventions municipales qui seront fléchées sur d’autres domaines prioritaires.

La ville sera aux côtés du club pour faciliter un projet de développement et d’indépendance économique, mais elle ne peut pas le faire à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions.

Les délibérations que vous nous demandez d’adopter ce soir en catimini sont insuffisamment mûries pour prendre une décision éclairée : nous devons en saisir tous les tenants et les aboutissants en tant qu’élus responsables soucieux des deniers publics et de l’intérêt général.

Je suis depuis le départ favorable à un projet Aguilera à taille humaine mais je souhaite que la Ville reste maîtresse du jeu sur cette opération.

La solution du consortium d’entreprises comporte des risques. Vous parlez d’un montage « innovant », je le qualifierais plutôt d’ « aventureux ».

Je n’aimerais pas voir fleurir des tours, ou avoir une friche sportive sur le plateau d’Aguilera. Je n’aimerais pas non plus voir un jour le bois de Mont-Orient disparaitre. Voir loin pour Biarritz, c’est aussi se donner les moyens de se prémunir de cela.

A quoi servira cet aménagement si le club résident reste toujours en proie aux mêmes difficultés financières d’année en année ? Aujourd’hui il nous manque des données sur le modèle économique envisagé par le club pour concevoir sa viabilité à long terme.

Avec le montage proposé et « recommandé par le BOPB », la ville cède ce qui rapporte (les terrains constructibles, les espaces commercialisables) et récupère ce qui coûte (le centre de formation, la Villa Rose, l’aménagement des espaces publics…)

La solution de prédilection pour réaliser ce projet serait à mon sens la maîtrise d’ouvrage publique des équipements (stade, centre de formation, voirie et espaces publics) avec cession du foncier (hôtel et logements) dans des conditions de transparence maximale. Il s’agit de la meilleure solution au niveau procédural et on ne peut la retoquer d’un revers de main pour des raisons de délais imposés par les actionnaires.

Quant au centre de formation au coût très élevé, je considère qu’il faudra faire appel à la démocratie participative pour savoir s’il s’agit vraiment d’un équipement prioritaire pour les Biarrots, par rapport à un grand bassin de natation dont nous manquons par exemple.

Au-delà des éléments techniques, j’aimerais dénoncer l’atmosphère irrespirable autour de ce dossier. Il n’est pas normal que des élus subissent des pressions, il n’est pas normal que des journalistes soient pris à parti… Je dénonce une nouvelle fois ces pratiques que vous auriez dû condamner.

Les élus seraient responsables de la mort du club après avoir voté pas loin de 10 millions d’euros de subventions sur ce mandat ? La belle affaire. C’est tellement facile d’accuser les élus. Mais ce n’est pas nous qui jouons les matchs, ce n’est pas nous qui remplissons le stade. Ce n’est pas nous non plus qui devons chercher de nouveaux partenariats. S’il y a des responsabilités à rechercher face à cette situation, ce n’est certainement pas la nôtre.

Je mets en garde également contre les choix dictés par une position électoraliste ou par les pressions reçues. Il n’y a pas loin du lobbying à l’influence et ce sont des pratiques auxquelles nous, élus de la République, devons rester hermétiques. Nous ne pouvons pas prendre de décisions aussi impactantes « le pistolet sur la tempe ».

Aux supporters, je demanderais de nous donner ce temps nécessaire et incompressible pour prendre la meilleure décision pour le club.

Dans l’histoire du BO, les grandes décisions ne se sont jamais prises en un jour. La naissance même du club, fruit de l’union entre le Biarritz Stade et le Biarritz Sporting Club, dont mon arrière grand-père fut l’un des pères fondateurs, s’est faite au bout de plusieurs années de discussions houleuses.

Les choses se sont résolues grâce à la médiation d’un maire, Pierre Forsans.

La médiation d’un maire, c’est justement ce qu’il faudrait un siècle plus tard pour apaiser et résoudre ce dossier, qui ne devrait en aucun cas être l’objet d’une instrumentalisation politique en pleine campagne électorale.

Pour repartir sur de nouvelles bases, il faudra retrouver les conditions de l’apaisement qui ne sont pas réunies aujourd’hui. Cet apaisement passera par le respect des personnes et des avis.

Nous prendrons les bonnes décisions sereinement si nous sommes élus. Je m’engage à ce que les conditions de l’aménagement d’Aguilera soient arrêtées avant l’été 2020.

En conséquence, je voterai contre les 3 délibérations que vous nous proposez ce soir, dans l’intérêt de la ville, et pour le bien du club.

Aupa BO et voyons loin pour Biarritz !  »

Guillaume Barucq

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