Cet été, j’ai ressenti le besoin de couper avec l’effervescence de la haute-saison touristique à Biarritz et de me mettre au vert. J’ai profité de la chance que nous avons d’avoir des lignes directes depuis l’aéroport de Biarritz-Pays Basque vers la Scandinavie pour découvrir la Suède en famille.
Pour ceux qui cherchent le dépaysement, le beau temps sans les fortes chaleurs et à faire le plein de nature et de culture, la Suède est définitivement une destination à découvrir en été, à 3 heures de vol seulement de Biarritz.
De nombreux Suédois font le trajet inverse vers la Côte Basque et il est intéressant d’aller chez eux pour découvrir leur pays et mieux comprendre leurs attentes quand ils viennent à Biarritz.
Je n’ai pas l’habitude de raconter mes voyages par le menu, mais j’aime bien en ramener quelques idées transposables sur notre territoire. Après ce séjour en Suède, vous risquez de m’entendre souvent faire référence à ce grand pays où le développement durable n’est pas un slogan mais un mode de vie.
Nous avons beaucoup à apprendre du modèle suédois. Ce qui m’a le plus marqué en Suède, c’est la cohérence de la mobilité urbaine qui m’a mieux fait prendre conscience du retard que nous avons en France, et à Biarritz, où nous devrons aller beaucoup plus loin dans les efforts engagés pour harmoniser les moyens de transport et rendre la ville plus agréable pour s’y déplacer.
En Suède, on prend autant de plaisir à déambuler à pied qu’à faire du vélo, à prendre les transports en commun ou à rouler en voiture. Chacun à sa place. La Suède n’a pas une politique d’exclusion de la voiture au profit des autres mobilités, mais chacune bénéficie des infrastructures nécessaires, aussi bien à Stockholm que dans les plus petites villes où des pistes cyclables doublent les axes principaux (et sont déneigées en hiver comme les routes).
La voiture est un moyen de transport apprécié des Suédois et il est plaisant de conduire sur leurs routes en très bon état. Mais la voiture n’a pas la place hypertrophiée qu’elle a en France. Et surtout, les automobilistes ont un tout autre comportement !
La première chose qui m’a frappé en Suède est la modération de la vitesse sur les routes. Dans le premier taxi qui nous menait de l’aéroport à l’hôtel, j’étais étonné de sa lenteur apparente sur une voie rapide. Le taxi m’a expliqué qu’il roulait à la vitesse maximale autorisée, et qu’il n’avait pas intérêt à la dépasser sous peine de forte amende.
La première mesure de bon sens en Suède est donc la limitation de la vitesse : là où en France on roule à 130 km/h, ils ne dépassent pas 110. Là où on roule à 90, ils sont à 70. Là où en ville les Français roulent à 50, ils ne dépassent pas les 30 km/h. Et ils ont tendance à rouler légèrement en-deçà de la vitesse maximale autorisée plutôt que légèrement ou largement au-dessus comme on le voit encore sur nos routes. Il est très appréciable de pouvoir rouler sans avoir la pression permanente des voitures qui vous collent avant de vous doubler.
Les automobilistes ne se sentent pas prioritaires sur les autres usagers en Suède. Dès qu’ils vous aperçoivent de loin à pied ou en vélo, les conducteurs de voiture ou de camion ralentissent, s’arrêtent et vous laissent passer (ça surprend au début…), là où le conducteur lambda accélérerait pour passer en France. J’en ai eu un rappel dès mon retour à Biarritz, où j’ai de nouveau manqué me faire renverser place Clemenceau par l’un de ces conducteurs pressés qui confondent le centre-ville avec le circuit du Grand Prix de Monaco.
L’aménagement urbain est l’autre point fort en Suède où les routes côtoient de larges trottoirs et de véritables pistes cyclables. Tout invite à marcher ou à faire du vélo. Les enfants courent dans la rue, sans que les parents n’aient à leur tenir constamment la main de peur qu’ils ne se fassent renverser. Un spécialiste en urbanisme expliquait aux Rencontres de Biarritz 2013 de Biarritz en Forme que quand on peut laisser sereinement ses enfants courir dans la rue, on a déjà un critère positif d’aménagement urbain.
Nous avons commencé à prendre en compte cette dimension à Biarritz avec les Chemins de la Forme, les Dimanches sans Voiture ou les prémices du plan vélo qui devrait aboutir à 29 kilomètres de voies cyclables. Il nous faut maintenant adapter les trottoirs, la voirie et la signalisation pour mettre en cohérence cette volonté d’améliorer la marchabilité et la cyclabilité de la ville avec notre espace public. Les Biarrots attendent du concret et ne se contenteront pas de marquages au sol pour signaler des voies cyclables.
Si les Suédois en sont capables, pourquoi ne serions-nous pas aussi ambitieux qu’eux ?
Autre particularité marquante : la restriction de la circulation automobile en centre-ville, comme j’ai pu le constater aussi bien dans le centre historique de Stockholm que sur l’île de Gotland. A Visby, la seule ville de l’île, la circulation automobile dans le centre de cette cité balnéaire classée au patrimoine mondial de l’UNESCO est tout bonnement interdite, sauf pour les riverains, les clients des hôtels, les taxis ou les véhicules d’urgence. Le plus étonnant est qu’ils n’ont même pas besoin de policiers pour faire respecter ces règles de circulation ; les panneaux suffisent.
Quand on voit la réduction des nuisances (moins de bruit, mois de pollution, plus de sécurité) qu’apportent ce type de Zone à Trafic Limité, on se demande bien ce qu’on attend en France pour les développer (seule Nantes à véritablement franchi le pas pour le moment).
Sur la régulation du trafic en hyper centre-ville, nous pouvons être beaucoup plus ambitieux à Biarritz en utilisant mieux les parkings de délestage en périphérie (Aguilera, Iraty…) pour arrêter les voitures avant qu’elles ne s’engouffrent en centre-ville. Cela fait des années qu’on le dit mais il faudra maintenant le mettre en place dès l’été prochain avec un système de navettes efficient. C’est à ce prix que nous apaiserons notre ville et la rendrons plus agréable à vivre, sans pour autant nuire à sa fréquentation.
Pour illustrer mon propos, voici quelques photos prises à Stockholm, et sur l’île de Gotland où il est possible de parcourir de longues distances en vélo en front de mer sur de véritables pistes cyclables (le rêve) :
Et même un Ocean Bus…
…et des pistes cavalières à Stockholm !